Un p'tit tour sur la ligne blanche

18 novembre 2018

Le point commun entre Medellin, Marseille et La Paz ? Non pas le narcotrafic ! Vous devriez arrêter les séries sur Netflix. Ces trois villes font partie de la liste toujours plus longue des métropoles qui font le choix du téléphérique urbain, alternative économique et écologique aux autobus, trams et autres métros qui sillonnent la plupart des grandes cités mondiales. Si les Marseillais devront attendre l’année 2020 pour commencer à s’envoyer en l’air du Vieux Port jusqu’à la Bonne Mère, les Paceños peuvent depuis 2014 glisser sans bruit dans l’air raréfié de leur capitale, en empruntant une des huit lignes aujourd’hui opérationnelles de plus grand réseau de téléphérique urbain du monde (voir l'album Dans le ciel de La Paz).

Des Alpes aux Andes

C’est la ville colombienne de Medellin qui a joué les précurseurs en 2004, le téléphérique étant apparu comme la solution la plus rationnelle aux problématiques de transport dans cette cité nichée au fond d'une vallée andine. Situation proche à La Paz, dont le relief est encore plus marqué avec des quartiers qui s’étagent de 2700 à plus de 4000 mètres. Le téléphérique s’y est également imposé comme la réponse aux déplacements quotidiens de la population dans « le fossé », perpétuellement embouteillé avec ses rues étroites et escarpées. Ici pas de problèmes techniques récurrents comme lors de la mise en place controversée du téléphérique brestois confié à Bouygues. On a assuré le coup en confiant le marché à une entreprise suisso-autrichienne, Doppelmayr, un des leaders du marché qui a construit sa réputation dans les stations alpines. La firme a conçu des cabines et des stations sobres, élégantes et parfaitement intégrées au profil urbain de la capitale bolivienne.

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3 bolivianos (0,50 €) le ticket, soit un peu plus cher qu’un trajet de micro mais pour cette somme modique, la ligne bleue vous conduit d’El Alto au centre-ville en une trentaine de minutes soit trois fois plus vite qu’un véhicule terrestre, en jouissant du privilège incomparable de contempler d’en haut le site naturel stupéfiant et l’architecture caractéristique de La Paz, sous la protection imposante du majestueux Illimani qui culmine à plus de 6000 mètres. Ligne celeste puis ligne verte et vous voilà surplombant les immeubles modernes et les villas huppées de la zone sud avec leurs terrasses et jardins pour profiter au mieux de la douceur de l’altitude modérée. Le réseau qui, à terme, comportera 11 lignes, reconfigure les mouvements de population dans la cité, désenclavant les quartiers et favorisant un plus grand brassage social.

Evo uber alles ?

Équipement moderne et esthétique, cabines confortables et spacieuses, personnel disponible et souriant, le téléphérique est une réussite incontestable. Même si l’investissement de 750 millions de dollars est important surtout à l’échelle bolivienne, "mi teleférico" comme l'a baptisé Evo Morales, s’est imposé à la fois comme un exemple d'infrastructure urbaine copié à l’échelle mondiale et un moyen de transport efficace, rapide et agréable pour les Boliviens. Il est fréquenté aussi bien par les cholitas qui descendent d’El Alto pour travailler dans les beaux quartiers, que par les étudiants et les anciens dotés de leur carte de réduction ou par les jeunes start-uppers et entrepreneurs du quartier d’affaires de Sopocachi. Un point d’appui pour Evo qui dans la période n’oublie pas d’en faire un argument électoral de poids: portrait géant de l’Hermano Presidente dans toutes les stations, auto-collant à son effigie scotché sur la porte de chaque cabine. Si on peut ainsi s’arracher de la Pachamama, pour se rapprocher d’Inti, on est prié de ne pas oublier que c’est un peu grâce au camarade Evo !

Posté par El Phil à 22:19 - Commentaires […] - Permalien [#]