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Diario (chiquito) de Bolivia
Journal bolivien subjectif et aléatoire
Suivez le FIL : en alternance , une Figure, une Idée, un Lieu en quasi-direct de l'état plurinational
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3 décembre 2018

Paola : dans sa tête, de l'art !

P1100716Derrière une silhouette élancée, un large sourire et un bagout intarissable, Paola cache un patrimoine génétique étonnant qui raconte une partie de l’histoire bolivienne. Ascendance mi-espagnole, mi-quechua pour une maman née de propriétaires terriens installés dans la riche région agricole de Cochabamba et dont la famille fut dépossédée de ses biens par la révolution agraire du début des années 50. Origine judéo européenne du côté du papa issu de l’union d’un juif français et d’une basco-allemande émigrés en Bolivie pendant la deuxième guerre mondiale pour échapper au nazisme. De ses racines cosmopolites, Paola Iturralde (son grand-père ayant abandonné son nom de Lévy pour endosser le patronyme basque de sa femme) a tiré un tropisme pour la culture et les arts, un goût prononcé pour les voyages et une personnalité originale qui la distingue rapidement du standard des femmes de la classe moyenne de Santa Cruz plus attirées par les salles de sport et la chirurgie esthétique.

 

Por la carretera

Après des études au lycée allemand de La Paz pendant lesquelles elle acquiert la maîtrise de la langue de Goethe et découvre l’Europe grâce aux échanges avec une correspondante avec qui elle est toujours en contact, Paola, au grand dam de son père économiste qui souhaiterait lui voir emprunter la voie plus raisonnable de l’architecture, s’envole vers le Mexique et Guadalajara pour des études de dessin industriel. On l’aura compris, c’est plus le dessin que l’industrie qui la motive, presqu’autant que la perspective de s’émanciper de sa famille en quittant La Paz pour s’immerger dans la vie trépidante du géant d’Amérique centrale. Riche expérience pour Paola qui revient avec son diplôme, de nouveaux amis et l'envie de s'affirmer pleinement comme une femme d'Amérique latine malgré le machisme latent de la société aztèque. De retour en Bolivie, Paola est embauchée pour faire des plans d’aménagement intérieur par une entreprise d’El Alto. Mais elle ne résiste pas aux 2000 mètres de dénivelés quotidiens entre son travail et son domicile situé dans la zone sud de La Paz. Elle trouve à Santa Cruz de la Sierra à la fois un emploi dans une bijouterie et un garçon qui lui conviennent très bien. Le premier qui consiste à concevoir et créer des bijoux réalisés en « bolivianita », une pierre précieuse qu’on ne trouve qu’en Bolivie cesse au bout de huit ans lorsque l’entreprise, reprise par des Chinois, impose des conditions de productivité qui ne sont pas du goût de Paola. Le second, en revanche, fait mieux l’affaire. Il permet à Paola de devenir maman de deux fils et lui offre l’occasion de vivre une expérience aux Etats Unis où Vincent (c’est son nom) officie six années comme directeur du primaire dans un lycée franco-américain de Portland. Dur dur pour une « latina » sans visa et sans travail au pays qui n’est pourtant pas encore celui de Trump. Paola apprend l'anglais et réussit quand même à décrocher un job d’enseignante en art, mission qu’elle avait déjà expérimentée à Santa Cruz. Retour dans la capitale de l’Oriente en 2017 : Vincent revient aux manettes du lycée français de la ville et Paola reprend du service à l’Université pour des cours de design.

Des oeufs dangereuxScreen Shot 2018-12-02 at 8

L’art, l’invention, la créativité occupent une part importante dans la vie de Paola. Dans ses cours elle propose à ses élèves des défis étranges comme transporter des objets sur la tête à l’aide d’un foulard ou lancer des œufs du quatrième étage en inventant des procédés pour éviter qu’ils ne cassent. Soucieuse de faire s’entrechoquer les traditions et la culture boliviennes avec la modernité et la mondialisation, elle adore confronter ses étudiants à la vision du pays qu’ont les touristes, sur leurs blogs par exemple. Elle a conçu une série de cartes postales où les cholitas, femmes du peuple bolivien, sont mises en scène dans des activités qui les sortent de leur représentation convenue (voir ci-contre et l'album Cholas de Paola). La série rencontre un certain succès à Santa Cruz comme à la Paz et a tapé dans l’œil de l’auteure d’un livre de développement personnel qui a proposé à Paola d’en réaliser les illustrations. Ses enfants grandissant, Paola se prépare à les accompagner avec Vincent pour leurs études en France. Avec dans ses valises déjà des idées, des projets empreints de son identité de femme bolivienne et de sa sensibilité latine. On ne demande qu'à voir !

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Commentaires
F
Magnifiques peintures , j'adore ces femmes andines ancrées dans la modernité
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