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Diario (chiquito) de Bolivia
Journal bolivien subjectif et aléatoire
Suivez le FIL : en alternance , une Figure, une Idée, un Lieu en quasi-direct de l'état plurinational
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3 mars 2019

Jour de derby à Tahuichi

Tahuichi 3

« Libertad, libertad, van diciendo, en efluvios de paz y amor ! » Quelques 30 000 gosiers cambas entonnent l’hymne de Santa Cruz joué en ouverture du 185ème Superclásico entre Blooming et Oriente Petrolero au stade Ramon Tahuichi Aguilera. Ces paroles de paix braillées à pleins poumons seront bien le seul moment de communion entre les « hinchas » toutes de vert vêtues d’Oriente et celles parées de bleu « celeste »  de Blooming. A l’image des rivalités mythiques de l’histoire du football comme Boca et River à Buenos Aires ou le Real et l’Atletico à Madrid, les supporters du club huppé et aristocratique de Blooming vouent une haine farouche à ceux d’Oriente, créé dans les années 60 par des ouvriers du pétrole (et inversement !). Et ceci alors même que les deux équipes partagent le même stade, l’enceinte un rien vétuste et décrépite de Tahuichi, nichée en plein centre de Santa Cruz.

Mésentente cordiale

Entre les deux rivaux, la cohabitation est à ce point difficile que des zones fixes de gradins sont attribuées à chaque groupe de supporters, de telle sorte que lorsque Blooming ou Oriente affrontent un club de Potosi ou de La Paz à Tahuichi des pans entiers de tribune, propriété du club rival, restent désespérément vides. Ce n’est pas le cas aujourd’hui, jour de derby. A cette occasion, deux fois par an, le vieux stade fait le plein et les deux virages des ultras de chaque club, fort heureusement séparés par la centaine de mètres de l’aire de jeu vont passer près de trois heures à sauter au rythme des tamborradas en éructant des slogans vindicatifs et des chants orduriers à l’endroit (et à l'envers) de l’adversaire. Dans les tribunes centrales, les zones de contact entre factions rivales évoquent le « Sniper Wall » entre Israël et la Palestine ou la frontière entre les deux Corée. De part et d’autre des grillages de démarcation, les spectateurs concentrés sur le jeu, encouragent bruyamment leurs troupes ou insultent copieusement les joueurs adverses à chaque action réussie ou ratée. Mais en cas de but ou d’évènement particulier comme un pénalty raté ou une expulsion, c’est l’explosion ! Les fans surexcités se tournent alors vers la tribune ennemie, l’invective aux lèvres, les poings serrés ou le majeur dressé faisant référence comme partout dans le monde à la filiation douteuse du supporter adverse. Une attitude un peu éloignée du fair-play cher aux anglo-saxons, qui ne fait que croître et embellir au fil du match et de l’absorption méthodique de boissons alcoolisées diverses. En effet, contrairement à la prohibition en vigueur dans les stades européens, il n’y a pas de fouille à l’entrée et les vendeurs ambulants ont bien compris que la demande commerciale du fan de foot bolivien ne se limitait pas aux cacahuètes ! (Il y en a aussi …)

BloomingOriente

 

 

 

 

 

 O’Timmins vs O’Hara

Le bloggeur, neutre et sobre, plus habitué à l’atmosphère compassée du stade Auguste Delaune de Reims ou de l’ancien Parc Lescure à Bordeaux, apprécie l’ambiance sud-américaine caliente, les chants, les feux d’artifice, le soutien ininterrompu et inconditionnel à son équipe. En revanche, il goûte moins l’agressivité crasse et la violence latente qui sourd des gradins et remercie le hasard qui l’a fait revêtir une tenue blanche. Une violence qui, tout bien considérée, prête à sourire tant elle tient beaucoup de la posture et de l’exutoire, comme celle décrite en son temps par Goscinny entre les O’Timmins et les O’Hara. Dès leur sortie du stade, les irréductibles de Blooming et d’Oriente, partent remiser leur maillot vert ou bleu jusqu’au prochain clásico pour les remplacer par les tenues chamarrées du carnaval qui s’annonce, pendant lequel ils partageront un ou plusieurs verres avec leur ennemi d’un soir.

 

Ah, au fait ! Pour les passionnés du jeu, signalons quand même, qu’à la grande joie de son coach Erwin Sanchez, Blooming a fini par l’emporter 1 à 0, but d’Arano à la 84ème minute, alors qu’Oriente avait manqué un pénalty en première période.

Merci à Eliany et Vincent pour leur invitation et leurs précieuses indications

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