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Diario (chiquito) de Bolivia
Journal bolivien subjectif et aléatoire
Suivez le FIL : en alternance , une Figure, une Idée, un Lieu en quasi-direct de l'état plurinational
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3 juin 2019

Gladys l'ambassadrice

THI_1383-682x1024Le 30 septembre 2014, Gladys Moreno s’est installée définitivement, micro à la main, sous la forme d’une statue au centre de la Place de la jeunesse, à l’ombre des tours de la basilique San Lorenzo, au cœur de la ville de Santa Cruz qui l’a vue naître. Un hommage posthume à la hauteur de la renommée de la chanteuse, décédée en 2005, dont la voix de cristal et les mélopées romantiques ont charmé les oreilles boliviennes pendant un demi-siècle. Gage de cette unanimité,  la paix des braves décrétée entre le Président Morales et le Maire de Santa Cruz, Percy Fernández, se serrant la main au pied de de la star nationale le jour de l’inauguration de son effigie de bronze.

Naissance d’une étoile

Depuis sa naissance en 1933, la jeune Gladys est bercée par les chansons que fredonne en permanence sa maman Hortensia, « chovenias », « taquiraris » ou autres musiques typiques issues du folklore des guaranis, les premiers habitants de l’Oriente bolivien.  Quand elle commence à chanter, la justesse et la pureté de sa voix, sa sensibilité dans l’interprétation font rapidement sensation dans la cour de son école, auprès de ses enseignants puis dans les réunions de famille et les manifestations où l’on ne manque pas de l’inviter à  pousser la chansonnette. Quittant Santa Cruz, qui n’est à cette époque qu’un gros village, pour La Paz, elle commence à monter sur scène, à fréquenter les émissions de radio et quand elle revient au pays pour ses 15 ans, elle est déjà auréolée d’une renommée qui ne se démentira jamais. Les premiers disques qu’elle enregistre connaissent le succès dans tout le pays. Son répertoire mêle adroitement les musiques traditionnelles boliviennes avec les rythmes d’origine espagnole comme le mambo ou le boléro et les créations des meilleurs compositeurs boliviens. Elle y gagne une popularité dans toute l’Amérique du Sud, notamment au Brésil où elle effectue des tournées triomphales. L’œcuménisme musical de Gladys et cette dimension internationale feront d’elle une icône dans tout le pays, désignée en 1962 comme « l’ambassadrice de la chanson bolivienne » auprès du siège de l’OEA (Organisation des Etats américains).

La salsa bolivienne

La success story de Gladys raconte en creux la passion ancestrale de la Bolivie pour le chant, la musique, la danse. La richesse et la diversité des traditions musicales du pays, toujours bien présentes et relayées par les jeunes générations, ne manquent pas de surprendre dans une zone qui n’échappe pas au bombardement ravageur de la world music avec ses dommages collatéraux que sont le hip-hop, le reggaeton, la techno ou le dub. Malgré cela, la musique préhispanique est toujours là, parfois électrifiée et remise au goût du jour, mais vivante et dynamique avec des groupes qui continuent à remplir les salles et les habitacles des taxis et des micros (Kjarkas, K’ala Marka…) Les bandas et les groupes de danse répètent toute l’année dans les unités éducatives, les associations, les confréries pour envahir les rues dans leurs costumes rutilants à chaque fête populaire. Quant à la branche romantico-sirupeuse explorée par cette chère Gladys, elle fait la joie d' un vaste public latino énamouré et le pain quotidien d'un stock renouvelé de ténors au sourcil charbonneux et de castafiores botoxées. Des chansons expressionnistes qui ont pour fonds de commerce la passion amoureuse, la douleur de la séparation, la souffrance des ruptures, déclamées avec emphase sur des arpèges de guitare ou des rythmiques salsa, telles qu’entonnées en son temps par l’ami Enrique surnommé « le pajarito de Potosi ».

Vous comprendrez mieux  pourquoi en Bolivie, on vénère toujours Edith Piaf et Charles Aznavour ! Et si en France on écoutait un peu Gladys Moreno ?

GLADYS MORENO - ÉXITOS ENGANCHADOS

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Commentaires
C
La fille de Dario ?
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