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Diario (chiquito) de Bolivia
Journal bolivien subjectif et aléatoire
Suivez le FIL : en alternance , une Figure, une Idée, un Lieu en quasi-direct de l'état plurinational
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29 mars 2020

Coronavirus 1, Bolivie 0

605002250_1140x520Dimanche 29 mars, première victime du coronavirus en Bolivie. C’est à Santa Cruz que ça se passe et ce n’est pas un hasard si on écoute la presse ou le ministère de la santé qui ne cessent depuis une semaine de fustiger l’indiscipline et l’inconscience des Cruzeños. Sur les 81 cas recensés que compte le pays à ce jour, plus de la moitié (44) concernent le département de Santa Cruz alors que Tarija et le Beni ne sont toujours pas officiellement touchés. Même si son récent décès stigmatise toute une région, la malheureuse patiente de 78 ans, contaminée par une personne venant d’Espagne, n’est pas forcément représentative du profil vilipendé par les autorités : le Camba individualiste, frondeur et rétif aux règles qui continue à sillonner les rues à pied, en vélo ou en voiture, à vendre et à acheter dans la rue en famille malgré le danger de contamination et les mesures restrictives.

Jeanine hausse le ton

Face à l’attitude de ces populations apparemment imperméables aux premières consignes de sécurité et de confinement, la présidente Jeanine Añez a durci le ton mercredi dernier. C’est désormais l’état d’urgence sanitaire qui est en vigueur jusqu’au 15 avril : fermeture totale des frontières terrestres et aériennes, interdiction de circulation à tous les véhicules non autorisés par les pouvoirs publics, services départementaux de santé pris en main par le ministère. Chacun est contraint par la loi à demeurer chez lui, excepté un jour par semaine de 7 heures 30 à 12 heures pendant lequel on peut se ravitailler dans les marchés et supermarchés restés ouverts, un roulement étant organisé selon les derniers chiffres figurant sur sa carte d’identité. Un dispositif placé sous le contrôle de la police et de l’armée complété par un arsenal répressif dissuasif : amendes jusqu’à 1000 bolivianos, incarcération immédiate des récalcitrants avec peine de prison de dix ans à la clé ! De quoi calmer les ardeurs des aspirants promeneurs même si la première journée d’application de ces mesures à Santa Cruz a donné lieu à la garde à vue de quelques 250 personnes et la confiscation de plusieurs dizaines de véhicules de contrevenants. Le blogueur ayant tiré le 7, c’est-à-dire le jeudi, à la loterie du remplissage de frigo, il a dû bousculer son naturel imprévoyant et sa léthargie de confiné pour une sortie pédestre dans les rues désertes. Mission accomplie sans encombre ! Il a pu revenir le sac à dos chargé de victuailles et de quelques boissons fortes destinées à tenir la semaine et à lui remonter le moral. L’occasion de vérifier que cette fois, on ne plaisantait plus avec les consignes : barrage de police à tous les coins de rue, file individuelle avec espacement de rigueur pour entrer dans le supermarché, lavage de mains et prise de température obligatoires à l’entrée de celui-ci… Dehors les rares chasseurs-cueilleurs reconvertis en pousseurs de chariots que l’on rencontre sont le plus souvent gantés et masqués. Malgré ce qu’on aurait pu penser a priori, la Bolivie se révèle donc plutôt bon élève dans ses tentatives pour prévenir et juguler la pandémie mondiale comme en atteste son faible taux de malades (pour le moment !). Le confinement a été décrété très vite, son application est rigoureuse et la communication gouvernementale atteste d’une mobilisation de l’Etat à hauteur du danger qui guette le pays, structurellement sous doté en hôpitaux et professionnels de santé (voir le Sus s'est trompé). Le gel hydro-alcoolique et les masques ne manquent pas et on aménage préventivement des lieux d’accueil pour faire face à l’inévitable afflux de malades même si les moyens de prise en charge et de soin vont inévitablement manquer.

Au bonheur des singes

Craindre pour l’avenir, c’est souffrir pour rien ou souffrir deux fois, dit le sage, engageant le citoyen du monde confiné à privilégier le moment présent. Si on se risque néanmoins à des prédictions, ce deuxième coup dur en quelques mois (voir Bloqués!) pourrait avoir des conséquences dramatiques pour une Bolivie de nouveau complétement au point mort, aux mains d’un gouvernement provisoire contraint à débloquer des fonds pour des mesures coûteuses mais indispensables : distribution quotidienne d’un « panier de la ménagère », exonération des factures d’eau et d’électricité pour les foyers les plus pauvres. Restaurants, bars et commerces fermés, taxis et micros à l’arrêt, hôtellerie, voyagistes, compagnies aériennes mis au chômage par l’interdiction des déplacements et le départ des touristes, sans parler du commerce et des services informels et non déclarés qui ne peuvent plus fonctionner… Si le problème est mondial, certains pays ont plus de ressources pour y faire face mais la Bolivie ne fait pas partie de ceux-là. Côté éducation, la reprise des cours n’est pas à l’horizon et la classe virtuelle loin d’être une option dans le système public qui fonctionne encore au tableau noir et à la craie dans des locaux qui accueillent souvent trois tours par jour (école du matin, de l’après-midi, du soir). Autre son de cloche dans le secteur privé plus fortuné mais qui redoute de ne pas garder longtemps les indispensables subsides des parents sans accueillir réellement les élèves. Au lycée français de Santa Cruz, on essaie de continuer à apprendre une langue étrangère à distance et par le biais des nouvelles technologies. Comme disait Bourvil dans Le Corniaud, ça va marcher beaucoup moins bien ! Un vent de panique souffle sur l’AEFE* qui a fermé tous ses établissements dans la zone Amérique du Sud. Pour ce réseau mondial qui compte plus de 500 établissements dans le monde, la crise frappe et pas seulement sur le plan sanitaire.

Dans le silence retrouvé du Condominio Atlántica enfin débarrassé du vacarme des fraternidades, le gazouillis des oiseaux tropicaux, le coassement des grenouilles et les cris suraigus des espiègles petits singes capucins qui s’ébattent dans la forêt toute proche ont repris leurs droits. Enfin une bonne nouvelle…

* Agence pour l'enseignement du français à l'étranger

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Commentaires
M
Des bisous des confinés d'ici au confiné là bas !
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C
Une pensée pour toi camarade confiné.
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