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Diario (chiquito) de Bolivia
Journal bolivien subjectif et aléatoire
Suivez le FIL : en alternance , une Figure, une Idée, un Lieu en quasi-direct de l'état plurinational
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12 avril 2020

Desperate house life

piscine videChurrasquerias abandonnées, piscine vidée, allées désertes, le condominio Atlantica sombre en ce week-end pascal dans une apathie un brin désespérante. Il y a longtemps que les flonflons des fraternidades ont laissé place à un silence épais, heureusement troublé au lever et au coucher du soleil par l’allégresse incontrôlée de centaines de volatiles qui rivalisent de gazouillis exotiques inconnus dans nos contrées tempérées. En même temps que Pâques, Santa Cruz fête aujourd’hui un mois de confinement…

La Bolivie résiste

Le pays atteint aujourd’hui la barre des 300 cas confirmés avec 24 décès. Une peccadille comparée à l’expansion de l’épidémie dans de nombreux pays largement mieux dotés en moyens humains et matériels. La politique musclée et dissuasive mise en place par la présidente Jeanine Añez parvient presque à contenir un virus qui n’est même pas parvenu pour le moment à remplir les services hospitaliers dédiés mis en place à la hâte dans la plupart des métropoles boliviennes. Pourtant devant les carences du système de santé, c’est panique à bord ! On sait trop bien qu’il sera impossible de faire face à un afflux de patients dans les services d’urgence et que l’hécatombe menace. Car contrairement à ce que professent quelques philosophes de comptoir, le coronavirus n’est pas plus égalitaire que le versement des pensions aux retraités dans un système par capitalisation. En cas de flambée épidémique, la Bolivie, qui manque d’hôpitaux, de personnel de soin et de matériel médical, n’aura sans doute pas même pas le temps d’être confrontée au dilemme occidental du choix des personnes prioritaires à réanimer. C’est dans l’aptitude à se préserver de la contagion que se fera la discrimination et à ce petit jeu, les sans-abri qui dorment sous les ponts des canaux d’évacuation de Santa Cruz ou dans la forêt du cordon écologique qui traverse la ville ne partent pas sur la même ligne que les habitants des condominios.

Le chat et le chien de la voisine

Au condominio Atlantica par exemple, le personnel de sécurité fait appliquer les gestes barrière à tous les entrants en poussant  le raffinement jusqu’à enduire de gel hydro-alcoolique la semelle des chaussures. Aucun étranger au lieu ne peut entrer. Les fumeurs invétérés et les promeneurs de canidés sont invités à écourter leur séjour au grand air, tous comme les sportifs qui seraient tentés par un petit jogging dans les allées. La convivialité physique se réduit à un hochement de tête pour se saluer et à un « buenos días » inintelligible bredouillé à travers le masque quand on croise par le plus grand des hasards un être humain en sortant les poubelles. Fort heureusement, les relations humaines restent possibles par l’intermédiaire d’un groupe What’s App de résidents qui fait vrombir toute la journée les téléphones portables. Se voulant au départ un outil de solidarité et de partage d’informations, ce chat permet par exemple d’être informé de la présence d’un vendeur de fruits et légumes itinérant devant le portail ou de dépanner une voisine en panne de croquettes pour son chien. Las ! Comme dans  tous ces chats très prisés en Bolivie, qui vont des parents d’élèves de CE 1 aux joueurs de foot du samedi en passant par les amateurs de marchés biologiques, on n’est jamais très loin du grand n’importe quoi, inclination courante sur les réseaux sociaux ici renforcée par l’exaspération et le désœuvrement ambiants. Ainsi voit-on fleurir sur ce canal des fake news sur les centaines de milliers de malades occultés par le gouvernement, des dénonciations en bonne et due forme des voisins irresponsables qui laissent sortir leurs enfants ou qui omettent de ramasser les crottes de leur toutou, des appels à la prière pour éradiquer le virus (c’est de saison), quand ce ne sont pas les habituelles plaisanteries souvent douteuses sur le covid 19, le confinement ou l’école à la maison. Si l’adversité et les épreuves révèlent la grandeur de l’humanité, elles mettent aussi en évidence ses pires travers comme le montre la photo ci-dessous où l’on peut voir une malheureuse soupçonnée d’être atteinte du virus mise sur le trottoir par sa famille dans l’attente du « ramassage » par une ambulance ! (ça se passe dans la banlieue de Santa Cruz).

femme Montero

Par les temps et le virus qui courent, on ne voudrait donc pas être à la place de Jeanine Añez, ni de son ministre de la Santé, d’ailleurs remplacé il y a trois jours. Sans doute excédée par l’incivilité des Cambas, la native du Beni (zéro cas pour le moment !) vient de décider la militarisation du département de Santa Cruz. A partir de mardi c’est l’armée qui arpentera les rues pour faire régner l’ordre et la discipline dans les rues de la cité cruzeña. Aucune perspective pour l’instant de suspension de la quarantaine à court ou moyen terme. Jusqu’ici, tout va (à peu près) bien…

churrasqueria

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