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Diario (chiquito) de Bolivia
Journal bolivien subjectif et aléatoire
Suivez le FIL : en alternance , une Figure, une Idée, un Lieu en quasi-direct de l'état plurinational
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27 juillet 2020

Manuel de savoir-vivre bolivien

IMG_3911 (2)Ces colonnes ont souvent véhiculé l’image caricaturale d’un Camba (habitant de Santa Cruz et de la région) fruste, mal embouché voire ordurier et globalement peu soucieux d’autrui. La généralisation abusive étant souvent la première pierre jetée dans le jardin fort caillouteux de la connerie, le Diario doit bien une chronique à la réhabilitation de la politesse et du savoir-vivre boliviens. Si ces valeurs universelles ne sont pas toujours perceptibles de prime abord dans les rues de Santa Cruz, elles transparaissent dès lors qu’on s’éloigne un tant soit peu de la cité des anneaux, avec des spécificités locales que l’étranger gagnera à appréhender pour éviter incompréhensions et quiproquos.

Salut à toi le Bolivien

Le citoyen lambda de l’état plurinational est très attaché à l’échange d’amabilités d’usage dès lors qu’on le croise en bas de chez soi, dans un commerce, ou dans un moyen de transport (sauf dans les micros de Santa Cruz !). Attention aux subtilités : le classique buenos días (ou buen día) n’est valable que durant la matinée stricto sensu, dès 12 heures pétantes, il conviendra de le remplacer par un buenas tardes plus adapté. Quant au buenas noches, il pourra être employé dès la tombée de la nuit, n’indiquant pas forcément à la personne ciblée qu’elle doit précipitamment regagner son lit. A l’entrée d'une salle de restaurant, on ne manquera pas de lancer aux convives déjà attablés un buen provecho général qui sert curieusement aussi à souhaiter une bonne digestion à la fin du repas. Pour prendre congé c’est le hasta luego qui est de rigueur assorti d’un que le vaya bien (portez-vous bien) très courant et pas du tout obséquieux. Dans la région de La Paz, le ciao ciao italien est très répandu sans doute importé directement d’Argentine. Au travail, avec ses proches ou les personnes connues et en dehors des périodes de pandémie, on serre la main comme en France et on se fait la bise. L’expression est ici à prendre au pied de la lettre, c’est une bise et une seule, n’en déplaise aux pourlécheurs convulsifs. Plus chaleureusement, on peut aussi s'empoigner mutuellement en sacrifiant au rite latino de l'abrazo. Pour s’adresser aux gens, on privilégiera le usted (vous) au tutoiement qu’on réservera aux personnes avec qui on a déjà surveillé le cheptel porcin (à la différence de l’Espagne) ou à qui on souhaiterait signifier une certaine supériorité de classe ! Particularité de nombreux pays d’Amérique du Sud, l’usage du vos à la place du tu sera strictement cantonné aux très proches (famille, meilleurs amis) et c’est tant mieux pour tous ceux qui demeurent fragiles en matière de conjugaison espagnole. En revanche, on est facilement enclin à s’appeler par son prénom, faisant ainsi l’économie des noms de famille à rallonge boliviens, la déférence envers l’interlocuteur restant marquée par l’adjonction préliminaire de señor ou señora (Buenas tardes señora Mercedes).

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Au commencement est toujours le verbe

Une fois accomplies ces civilités préliminaires, on se rendra vite compte que la société bolivienne, comme toutes ses consœurs latines, fait la part belle à la magie du verbe : conversations passionnées autour de la politique, du sport, circonvolutions et argumentaires sans fins sur tous sujets, propension affirmée aux débats contradictoires… Pas une fête, une célébration, une cérémonie quelconque sans des prises de paroles interminables, souvent ampoulées et pompeuses où les orateurs ont tendance à s’écouter largement plus que leurs auditeurs. Lorsqu’il s’agit de concrétiser des échanges, le passage à l’écrit est incontournable. Le courrier, la lettre, de préférence constellés de signatures et de cachets divers sont indispensables pour formaliser toute invitation, toute prise de position, toute démarche officielle. Ce tropisme pour la paperasse transforme la moindre procédure administrative en marathon bureaucratique qui ne se termine qu’avec la production soigneusement vérifiée d’une flopée de documents dûment signés, apostillés, tamponnés, révisés, authentifiés.

De toute façon, le touriste ou l’expatrié, s’il souhaite conserver son équilibre psychique, doit apprendre à composer avec une certaine conception étirable du temps chez les Boliviens. Se monter impatient ne lui sera d’aucun secours pour obtenir plus vite un document ou avancer l’heure d’un rendez-vous. Une fois ce dernier fixé, il devra systématiquement compter avec la hora boliviana et anticiper qu’en se présentant une demi-heure en retard, il sera encore largement en avance. S’il souhaite se renseigner sur le lieu auprès d’un autochtone, il faudra qu’il prenne en compte que, par politesse, ce dernier ne lui avouera jamais qu’il est infichu de répondre, préférant lui indiquer un endroit fantaisiste pour s’en sortir avec les honneurs. De même on trouvera toujours quelqu’un pour réparer n’importe quel objet, acheter ou vendre un produit quelconque, se rendre à l’endroit de son choix… Si l’on n’est pas pressé.

Que ces quelques particularismes locaux ne découragent pas l’aspirant voyageur qui souhaiterait découvrir la Bolivie, accueillante, chaleureuse et humaine, ce pays où "rien n’est sûr, mais tout  est possible" !

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