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Diario (chiquito) de Bolivia
Journal bolivien subjectif et aléatoire
Suivez le FIL : en alternance , une Figure, une Idée, un Lieu en quasi-direct de l'état plurinational
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9 décembre 2018

Des chiens qui donnent la rage

chienchien

Tel maître, tel chien (pardon pour les tenants de l’écriture inclusive, mais le féminin en l’occurrence aurait des connotations un brin équivoques). La devise anthropomorphique semble prendre une curieuse résonance en Bolivie. Errant dans les rues de La Paz ou de Santa Cruz, poursuivant les véhicules qui empruntent les pistes poussiéreuses du campo, se précipitant les crocs en avant sur les grilles des propriétés qu’ils défendent ou pendus au bout d’une laisse dans les jardins publics, les chiens sont partout dans l’état plurinational. A les regarder de plus près, transparaît une image en creux de ce pays ébloui par les phares de la mondialisation, toujours miné, malgré ses aspirations socialistes, par le fléau de l’individualisme et des inégalités vertigineuses et persistantes.

 Loulous de la hauteIMG-20180825-WA0002

En haut du panier, les chihuahuas, bouledogues, loulous de Poméranie et autres huskies (Et oui par 35° !) qui vont lever la patte à peu près n’importe où en tractant une mémère à chien chien (ou un pépère soyons inclusif) qui a laissé plusieurs centaines de dollars dans une animalerie pour s’offrir une bestiole à pedigree. Faisons nous quelques ennemis, ce tableau choquant et ridicule est moins courant chez les collas (habitants de la région andine) que chez les cambas de Santa Cruz. Dans la métropole de l’Oriente, les boutiques et les rayons « special mascotas » font flores et on peut même assister à des concours de beauté canine qu’on qualifiera simplement de grotesques pour être gentil (voir photo ci-dessus).

 Brigades canines

Plus utilitaires et beaucoup moins avenants, des molosses tout en muscles et en canines agrémentent de leurs abois vitupérants les promenades du courageux piéton cruceño. Assignés à la surveillance des résidences luxueuses, des lieux privés avec jardin tiré au cordeau, piscine et terrain de sport qui servent aux réjouissances de la classe aisée, ils complètent l’arsenal dissuasif commun à tous les pays pauvres : portails sécurisés, alarmes électroniques, fils de fer barbelés et autres tessons de bouteilles scellés dans les murs de protection. Si ton voisin a faim, alors tu ne peux pas manger tranquille, comme dit le proverbe africain.

P1040857

Comme des chiens

Enfin tout en bas de l’échelle, survivent les bâtards pelés qui arpentent les rues des villes et les bords des routes, éventrant les poubelles, maraudant dans les marchés ou sur les terrasses des restaurants, se chauffant la couenne au soleil tropical. Pas agressifs pour un poil, ces P1040867canidés efflanqués semblent tous bâtis sur le même mode, un long torse planté sur des courtes pattes. Ce modèle « petit banc » est-il le résultat génétique d’une adaptation au milieu ou la conséquence d’une consanguinité excessive ? Mystère. Difficile en tous cas de ne pas rapprocher ce sous-prolétariat canin de la population humaine de laissés pour compte qui vit à peu près des mêmes expédients, dormant dehors, fouillant les containers à ordure, quémandant quelques bolivianos aux passants. Combien de temps un pays peut-il laisser dans la misère absolue toute une partie de la population sans que ne surgissent la violence et la révolte ? Les gentils clébards des rues sont eux menacés par une autre forme de rage qui suscite des campagnes de prévention et les rend un peu moins sympas.

La prochaine fois, le Diario parlera plutôt des petits chats. C’est plus mignon et ça fait un max de vues sur les réseaux…

 

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Commentaires
C
J'aime beaucoup le plissé du premier plan en tutu rose. Très classe la pauvre bête !
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