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Diario (chiquito) de Bolivia
Journal bolivien subjectif et aléatoire
Suivez le FIL : en alternance , une Figure, une Idée, un Lieu en quasi-direct de l'état plurinational
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10 février 2019

Liberté, ébriété, fraternité

 

Frater 3

Dans « un éléphant, ça trompe énormément », la comédie culte des années 70 d’Yves Robert, la bande de quadragénaires dont on suit les mésaventures se fait copieusement rouler dans la farine en faisant l’acquisition d’un charmant pavillon campagnard situé tout près d’un aéroport, le jour d’une grève des contrôleurs aériens. C’est une déconvenue du même ordre qui s’est abattue sur le bloggeur lorsqu’il a passé son premier week-end dans son bel appartement avec piscine loué pendant la semaine dans le quartier Villa Fraterna de Santa Cruz. Pourquoi Villa Fraterna ? Parce que c’est l’endroit où se regroupent les fraternidades, une institution à Santa Cruz et dans toute la Bolivie. "Mais que sont donc les fraternidades ?" S’interroge le lecteur curieux mais aussi doté d’un certain courage puisqu’il n’a pas encore déserté cette chronique, rebuté par la longueur excessive des phrases. Désolé mais la réponse nécessite à nouveau un certain développement. Héritage de l’ayllu, l’organisation communautaire des quechuas et des aymaras, ou nécessité vitale d’opposer la solidarité et l’entraide à des conditions de vie difficiles, on trouve en Bolivie une déclinaison infinie d’associations diverses à la vitalité impressionnante : partis politiques, syndicats bien sûr, mais aussi congrégations religieuses, associations de quartier, d’anciens élèves, de commerçants… Parmi elles, les fraternidades, dont la vocation principale est de fournir l’occasion à ses membres de s’adonner ensemble à une autre passion typiquement bolivienne, la fête avec ses corollaires que sont la musique, la danse et… la consommation de diverses substances psychotropes.

Le calvaire du couche-tôt

Dans le quartier Villa Fraterna donc, une bonne dizaine de propriétés accueillantes, dotées de piscines, de terrains de sports, de bars, de salles de restauration et de pistes de danse se réveillent à partir du jeudi soir pour se transformer pendant toute la fin de semaine en espaces de célébration collectives à l’usage des anniversaires, des mariages, du club des motards de l’Oriente, de l’association anti-Evo dite du 21F ou de la corporation des maçons de Santa Cruz. Parlons-en tiens des maçons ! En Bolivie, ils ne travaillent pas le lundi et ont donc une fâcheuse tendance à programmer leurs fiestas le dimanche soir. "Et alors ?" Me direz-vous, séduits par la joie de vivre manifestée par une population avide de convivialité et de bacchanales musicales. Le bloggeur vous suivrait volontiers sur ce terrain s’il habitait ailleurs et n’avait pas parfois besoin de reposer son corps et son esprit avant les premières heures du matin, fussent-elles celles du samedi, du dimanche ou du lundi (P… de maçons !).

Frater 2

En l’espèce, le couche-tôt est victime de deux phénomènes conjoints. D’une part la formidable endurance des Boliviens sur les pistes de danse qui peuvent entamer leur marathon rythmique vers 3 heures de l’après-midi pour le poursuivre jusqu’à 4 heures du matin, avec juste quelques pauses destinées à se mettre dans le cornet le carburant adéquat ; d’autre part les progrès de la technologie qui permettent à n’importe quel mélomane approximatif d’emmerder le voisinage avec un simple téléphone portable et une enceinte connectée sur-boostée crachant du reggaeton ou du hip-hop dans un déluge de décibels. Parfois le niveau s’élève (pas le niveau sonore, il est déjà à fond !) avec l’édification d’une scène et la prestation live de musiciens de cumbia ou de salsa qui permettent au moins de tressauter dans son lit avec un certain plaisir mais le plus souvent  le tableau est complété par les éructations d’un DJ, infatigable lui aussi, bien décidé à ne pas lâcher son micro avant l’heure des croissants (ici ce serait plutôt des salteñas ).

Liberté sans limite ?

Quelle riposte ? Faute d’user de grenades de désencerclement, l’association des propriétaires et locataires de la Villa Fraterna (ça doit exister !) a bien dû penser à s’adresser en bonne et due forme aux autorités policières ou aux édiles de Santa Cruz. Et vite se heurter à deux obstacles. Les libertés individuelles ici ne sont pas un vain mot, surtout quand il s’agit du droit à célébrer, festoyer… et ne souffrent pas d'être limitées par le droit d’autrui à ne pas être dérangé ! Mais il faut aussi compter sur l’identité des propriétaires des terrains et des locaux qui logent les fraternidades, de gros entrepreneurs de Santa Cruz dont la fortune et les relations leur permettent de s’affranchir de menues contraintes législatives ou judiciaires.

On recommandera donc plutôt au voisinage les bouchons d’oreille. A moins d’abandonner purement et simplement  toute velléité de sommeil pour se joindre avec enthousiasme aux mégas-fêtes des fraternidades !

Frater 1

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Commentaires
C
A Trinidad, à Mayaro Beach, Danièle et moi avions trouvé un petit hôtel sympa en bord de mer. Mais ce soir-là, c'était l'élection de Miss Mayaro. Notre chambre étant juste au-dessus de la salle d'élection qui est vite devenue salle de fiesta. On en a profité jusqu'à 4h du mat ! Je compatis donc !
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M
Je n'aurais que deux mots... "Oh merde! "<br /> <br /> avec un seul point d'exclamation... Francis dit que ça suffit pour dire à quelle point on est désespérée pour vous !<br /> <br /> mais tu as su prendre le temps pour pouvoir nous le raconter avec humour. c'est chouette... pour nous ! ;o) bisous<br /> <br /> On est lundi, le début du repos !!
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