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Diario (chiquito) de Bolivia
Journal bolivien subjectif et aléatoire
Suivez le FIL : en alternance , une Figure, une Idée, un Lieu en quasi-direct de l'état plurinational
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8 décembre 2019

Petit lexique de la crise bolivienne

789df422-46a4-4db8-bc68-d1078617d6c8S’il existait des paris en ligne sur la situation politique locale, le bloggeur arrondirait  ses fins de mois à peu de frais. Dernier rebondissement en date, Luis Camacho vient d’abandonner en rase campagne son compagnon de lutte Marco Pumari, renvoyé dans ses mines de Potosi, et part en quête d’une femme, non pour convoler en justes noces, mais pour se présenter à ses côtés aux élections présidentielles avec plus de chances d’être élu. Lesquelles élections sont repoussées au moins jusqu’en avril. Des tribunaux électoraux démantelés, des partis politiques discrédités, des candidats potentiels en pagaille et des projets politiques toujours aussi absents, il faudra bien tout ce  temps à Jeanine Añez et à son équipe pour organiser un scrutin qui respecte les règles du jeu démocratique et qui inspire la confiance. En attendant, la Bolivie encore sonnée s’octroie une trêve des confiseurs un peu anticipée, telle une cocotte-minute dont on vient de refermer le couvercle et qui met un certain temps pour remonter en pression. Une pause qui donne l’occasion d’un petit exercice sémantique pour tenter de décrypter des éléments de langage qui, ici comme partout, jouent un rôle primordial dans la bataille de l'opinion publique à laquelle se livrent les acteurs politiques.

Dictador (dictateur)

Qualificatif indifféremment employé par l’un ou l’autre camp pour discréditer le leader politique adverse. Peu importe que le sujet visé ait accédé ou non au pouvoir par le biais d’élections, qu’existent ou non des institutions démocratiques, judiciaires et un cadre constitutionnel, un contre-pouvoir de la presse et une liberté d’expression, une répression arbitraire de l’état envers les opposants. Ainsi Evo Morales comme Jeanine Añez sont des dictateurs. On conseillera aux utilisateurs un brin excessifs de ce vocable des destinations touristiques comme la Corée du Nord, l’Algérie, le Turkménistan ou l’Erythrée.

Golpe (coup d’état)

Changement du gouvernement en place intervenu par une autre voie que celle des élections, généralement avec l’aide du pouvoir militaire. Concept flou qui a l’avantage de pouvoir être utilisé à toutes les sauces pour décrire quantité de situations diverses. Au palmarès des coups d’état figure en tête de liste celui réalisé au Chili en 1973 par le général Pinochet aux dépens du gouvernement de Salvador Allende. D’autres évènements sont plus sujets à caution. Que penser par exemple de l’intérim assuré en France par le président Poher en avril 1974 après la mort de Pompidou ? Ci-après le positionnement indispensable pour vous situer sur l’échiquier politique bolivien actuel. La démission d’Evo est-elle due à un golpe ? Vous avez cinq minutes.

Fraude (fraude)

Procédé par lequel vous transformez le résultat obtenu lors d’une épreuve quelconque en utilisant la dissimulation, le mensonge, la triche, la destruction des preuves. Etablir la réalité d’une fraude peut se révéler une tâche compliquée. Ainsi, une palanquée d’experts de tous bords et de toutes nationalités assistée d’une escouade de techniciens reconnus n’a pu établir, à l’issue d’un séjour en Bolivie de trois semaines avant et après les élections boliviennes aux frais de la toute puissante OEA*, une discrimination vraiment solide et argumentée entre le concept de fraude et celui d’irrégularité. Un débat qui fait toujours couler beaucoup de salive et d’encre dans l’état plurinational.

Democracia (démocratie)

Gouvernement du peuple par le peuple pour le peuple. La formule est jolie mais sujette à interprétation. Car la définition en appelle d’autres : qu’est-ce que le peuple ? Et qui pour le représenter ?  Un groupe de voisins de Santa Cruz sur un rond-point ou une escouade vociférante de dépenaillés d’El Alto ? Un intellectuel à bac + 7 féru d’économie ou une cholita qui vend ses jus d’orange au coin de la rue ? Deux faits historiques à méditer : Hitler est arrivé démocratiquement au pouvoir en Allemagne en 1932 en tant que chef du parti gagnant des législatives. Simon Bolivar, le libérateur de l’Amérique du Sud, n’a jamais été élu et s’est fait nommer successivement dictateur et président à vie de Colombie. Cette fois, vous avez trois heures.

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Le Diario prend ses vacances d’été austral et revient début février…

*Organisation des états américains

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